Le Bulletin

La rue de la Cigale est une rue calme, faisant partie du quartier semi-pavillonnaire Bel-Air qui se trouve au Sud-Ouest du Centre de Mulhouse. La rivière l’III coule à 700 m de là et le Canal du Rhône au Rhin se situe à peine à 1 km à vol d'oiseau. Le pavillon que nous habitions au numéro 18 rue de la Cigale était doté d’un jardin de 3 ares environ où se dressaient un grand épicéa et un volumineux cerisier. Quelques arbustes complétaient l’ensemble. Un petit bassin où se trouvait en permanence de l’eau ainsi qu’une mangeoire alimentée en hiver contribuaient à attirer les oiseaux.

Comme les années précédentes à cette même période de l’hiver, nous observions depuis plusieurs jours dans la campagne qui environne le lac de Der - Chantecog (lac artificiel situé au sud-est de Saint-Dizier), de nombreuses Buses au plumage très pâle, allant du beige clair au blanc presque pur.

Jusqu'au 18° siècle, l’homme sympathisait avec les oiseaux de proie. Après la Révolution la notion de ‘‘nuisible” s’accrédita et le massacre des becs crochus fut officialisé. Des nemrods en mal de gibier s’en donnèrent à cœur joie sans parler des piégeurs et autres empoisonneurs. L’hécatombe prit fin en 1972 lorsque les instances gouvernementales décrétèrent la protection de tous les rapaces.

Lors de leur création, l’activité des laboratoires vétérinaires départementaux était essentiellement orientée vers la santé de l'animal domestique. Avec le développement considérable qu'a pris de nos jours l'écologie, il fallait s'attendre à ce que les laboratoires soient également concernés par les problèmes liés à la protection de la nature et à l’environnement. C’est ainsi que depuis environ une dizaine d'années, nous avons été sollicités de plus en plus souvent pour examiner les cadavres d'oiseaux sauvages trouvés morts dans la nature.

Le caractère sacré ou tapu de la tête d’un individu vivant fut par le passé un concept répandu à travers tout le Pacifique ; de cette sacralité découla tout naturellement l’intérêt pour le crâne, qu’il eut valeur de vengeance, de protection tribale ou de fertilité… Le but de cet article est de préciser les fonctions cultuelles et rituelles de deux crânes marquisiens se trouvant au Muséum d’histoire naturelle de Colmar, à partir d’observations anthropologiques devant distinguer les différentes interventions anthropiques, qu’elles soient faites du vivant ou après la mort.