LES PORTRAITS DE LOUISE LAMY
Fille du gouverneur colonial Georges LAMY (1878 - 1940) et de son épouse Catherine MUNIER (1886 - 1970), Louise LAMY (1912 - 2004) a vécu plusieurs années dans les anciennes colonies françaises. Elle profite de ses voyages pour peindre les membres des tribus qu'elle rencontre.
Louise LAMY (épouse TREPIER), artiste peintre, fait don en 1988 à la Société d'Histoire naturelle et d'Ethnographie de Colmar d'un de ses portraits d'indienne monté sous verre ainsi que d'une poterie. Elle présente le 23 octobre 1991 dans les murs de la Société une conférence sur son séjour guyanais pendant la mandature de son père, gouverneur de Guyane française de 1933 à 1935. Elle y retrace non seulement l'origine et les circonstances de l'acquisition de cet objet mais elle livre également de nombreux souvenirs vivants des indiens Wayana rencontrés, qu'elle désigne ici sous le nom d'indiens roucouyennes.
En 2022, la Société d'Histoire naturelle et d'Ethnographie de Colmar fait l'acquisition d'une partie des œuvres de Louise LAMY réalisés à Madagascar (1912-1931), en Guyane (1933-1935) et en Côte d'Ivoire (1936). Sa fille, Madame Ghislaine LECHLEITER et son mari Monsieur Jean-Marie LECHLEITER ont profité de l'occasion pour confier la copie d'un manuscrit dactylographié.
Rédigé par Catherine MUNIER à la fin des années 1930, ce manuscrit intitulé Une jeune fille chez les Indiens, retrace les aventures de leur fille en Guyane française entre 1933 et 1935. Présenté comme le récit de Louise, ce texte décrit le bagne de Cayenne et les populations indigènes d’Iracoubo et de la Pointe-Isère. La vocation artistique de Louise, alors âgée de 21 ans, constitue le fil conducteur du récit. Résolue à peindre les portraits des membres des tribus autochtones, le texte décrit les difficultés auxquelles Louise doit faire face, la limitation des moyens de transport, l'hostilité des milieux naturels et la réserve des indigènes à se prêter au jeu du portrait. Ce témoignage mêle descriptions et réflexions personnelles sur les cultures amérindiennes et sur les impacts liés à la colonisation. Enrichi des portraits réalisés par Louise LAMY et de photographies familiales, ce manuscrit constitue un témoignage singulier de ce contexte colonial au début du XXe siècle en dehors des champs de l’anthropologie moderne. À la manière d'un récit de voyage, il offre une perspective intime sur la Guyane et ses populations autochtones, contribuant également à la mémoire et à la compréhension d’un patrimoine culturel en voie d’effacement.