MARIE GOCKER, UNE FEMME EXCEPTIONNELLE
C'est en 1975, lors de l'Année internationale de la femme, que l'Organisation des Nations Unies a commencé à célébrer la Journée internationale des droits des femmes le 8 mars.
Dans le cadre de cette journée, une odyssée féminine a été mise en place sur Facebook par le réseau des communicants de muséums francophones Crossmuséums dont notre musée fait partie.
Faisons connaissance avec la femme remarquable qu’était l’Alsacienne Marie Gocker (1875-1937), correspondante de notre musée au Cameroun et donatrice de plus d'une centaine d'objets !
MARIE GOCKER (1875-1937)
Femme de haute stature, dynamique, sa vie au service des autres était très riche !♣ Née le 10 février 1875 à Sundhoffen (Haut-Rhin), de père tonnelier, Marie Gocker est orpheline à 14 ans, Après s’être occupée d’enfants à Genève, elle fait des études de sage-femme à l’hôpital de Colmar. Elle sort major de sa promotion et va exercer ce métier pendant deux ans dans le Bas-Rhin.
♣ En mai 1899, elle embarque au Havre pour Naperville en Illinois, aux Etats-Unis, chez une cousine. Elle exerce le métier d’infirmière tout en poursuivant des études universitaires en sciences sociales et médicales, puis en pédagogie et théologie.
♣ En 1913, après avoir adopté la nationalité américaine, elle se présente comme candidate pour partir en mission en Afrique. Sa connaissance parfaite de l’allemand, du français et de l’anglais la désigne pour le Cameroun, alors colonie allemande.
♣ A partir de 1914, elle va œuvrer pendant 5 ans au service de l’Eglise presbytérienne américaine dans différents postes de mission au Cameroun. Elle met au service des indigènes ses connaissances médicales et pédagogiques, son esprit encyclopédique et son idéal de service.
♣ En 1919 elle revient aux Etats-Unis, séjourne en Alsace, et en 1921 retourne au Cameroun comme missionnaire indépendante.
♣ Après avoir reçu près de 6 ha de terrain en pleine brousse à 1 km de Yaoundé par le gouvernement français, elle construit un dispensaire où elle reçoit les malades en consultation, effectue des accouchements, donne des cours d’hygiène, d’infirmière et de sage-femme.
Marie Gocker à droite en blanc ©Archives Centrales Albert Schweitzer Gunsbach
Elle y adjoint une chapelle et crée une exploitation agricole en développant des plantations (maïs, patates, papayers, goyaviers, avocatiers, citronniers, orangers, plantes médicinales). Elle procure du travail aux indigènes, vend une partie de sa production agricole sur les marchés pour faire vivre sa maisonnée et son dispensaire.
Marie Gocker et un porteur de papayes au Caméroun. Archives MHNEC.
♣ Elle peint aussi de belles aquarelles de plantes dont elle en fait parvenir une cinquantaine à notre musée en 1921. Elle écrit plusieurs ouvrages dont Travels in Cameroun, Animal stories, Educational work, Home life in Cameroun.
Aquarelles de plantes de Marie Gocker
♣ Nommée membre correspondant de la Société d’Histoire Naturelle de Colmar en 1927, les coutumes et les traditions la passionnent. Elle collectionne de nombreux beaux objets ethnographiques, dont certains lui sont offerts par ses patientes en remerciement vraisemblablement de ses soins ou qu’elle achète à l’Exposition agricole annuelle. Elle fait des envois réguliers au musée : 110 objets en 1927 puis une dizaine ensuite en 1933 et 1937. Ce sont des statuettes en bois, des masques, armes (javelot, épée, poignard, arc), instruments de musique, ustensiles de cuisine, de la vannerie, des jeux, des parures et diverses pièces originales.
Parmi les objets africains offerts par Marie Gocker au musée et exposés actuellement : Tambour à fente taillé dans un tronc d'arbre fibreux et évidé avec deux personnages sculptés, deux statuettes en bois clair d'un homme avec un tambour et d'une femme en offrande.
♣ Femme d’une envergure exceptionnelle, après une bonne partie de sa vie au service de la population, elle décède au Cameroun le 31 mars 1937, à l’âge de 62 ans, des suites d’une septicémie contractée lors d’une intervention chirurgicale sur un patient. Elle est enterrée au pied d'une tour de la chapelle qu'elle a érigée à Yaoundé, devenue paroisse en 1965.
♣ Un arrondissement de la capitale du Cameroun, Yaoundé, porte le nom de Gockerville où se trouvent l’église protestante presbytérienne, l’école et une avenue Marie Gocker.
♣ Sa vie est retracée plus en détails dans l'ouvrage de Paulette Schuller intitulé Marie Gocker, sage femme, une enfant de Sundhoffen en service humanitaire au Cameroun que vous pouvez emprunter dans notre bibliothèque.
Photo prise en 1932, Marie Gocker devant la chapelle et le presbytère à Yaoundé. Diffusion Caméroun Rétro.
Découvrez les personnalités féminines, donatrices, conservatrices, restauratrices, taxidermistes etc. ou d'objets liés à la femme des autres muséums sur leurs pages Facebook respectives entre le 8 et le 22 mars :
Muséum de Toulouse, Muséum de Bordeaux, Musée Zoologique de Strasbourg (officiel), Muséum d'Histoire Naturelle de La Rochelle, Muséum d'histoire naturelle de Lille, Muséum de Grenoble, Muséum départemental du Var, Muséum d'histoire naturelle de Marseille, Muséum de la Ville de Gaillac, Museum de Zoologie et d'Anthropologie – Université Libre de Bruxelles, Muséum de Perpignan, Muséum du Havre, Muséum d’Aix en Provence, Muséum de Bourges, Muséum d’Aurillac, le Paléospace l’Odyssée à Villers-sur -Mer.